FACE À GAÏA – Bruno Latour
Conférence 5 > Comment convoquer les différents peuples (de la nature) ?
Dans cette conférence, Bruno Latour s’intéresse à l’origine religieuse de Gaïa. Dans un premier temps, il définit le terme de religion dans son sens originel.
À son origine la religion représente une conviction, quelque chose auquel nous nous identifions et dont nous prenons soin. C’est une croyance personnelle ou une conviction, quelque chose auquel on croit.
Cette religion est chapeauté par une autorité suprême qui possède un nom et des attributs déterminés en fonction de chacun et en corrélation avec les croyances qui y sont rattachées.
Par exemple, dans l’antiquité, les déités été représenter par des attributs et des noms, comme Athéna : déesse de la guerre.
Quand Bruno Latour analyse l’histoire de la religion il détecte deux périodes qui nous permettent de comprendre différents aspects de la perception de Gaïa.
À l’époque Romaine, Bruno Latour identifie un concept nommé “Tables des traductions”.
Ce concept permet aux différents peuples de se mettre d’accord concernant les attributs de chaque Dieux, cependant la dénomination de chaque dieu est propre à chaque territoire et à chaque culture plus largement.
“Ce que toi romain tu appelles Jupiter, moi le Grec, je l’appelle Zeus”.
Le but de ces tables des traductions est principalement diplomatique et a été pensé pour éviter les guerres de religion et les conflits qui y sont rattachés.
Bruno Latour constate une coupure dans la chronologie avec l’arrivée du dieu unique. C’est la période mosaïque avec Moïse. Dans cette perception de la religion il n’existe qu’un seul dieu et ce dieu n’a qu’un seul nom. Ce changement fait obstacle au sens premier du terme de “religion” qui prônait la liberté d’identification. Le sens du mot religion n’est plus compris et Bruno Latour désigne cette nouvelle forme de religion comme étant une “contre-religion”.
Pourquoi désigner cette nouvelle perception “contre-religion” ? Pour Bruno Latour c’est une négligence de la pensé des autres et du concept même de religion comme il été entendu jusque là, c’est-à -dire, compatissant et non négligent. Cette nouvelle attitude allant donc à l’encontre de la religion elle est désignée comme contre religion.
Entre la période mosaïque et aujourd’hui, la religion a subi une longue période dite de négociation qui nous a mené au pluralisme des cultures et des religions.
Si nous considérons la Nature comme une forme de Déité, elle possède donc aujourd’hui une forme de religion propre. La nature est divisée en deux pensées distinctes. Ces deux pensées peuvent faire référence à des aspects présents dans le passé notamment aux deux périodes de l’histoire de la religion que nous venons d’expliciter.
Premièrement, les deux pensées convoque la même entité qui est la Nature mais ne lui donne pas les mêmes attributs.
Deuxièmement, il y a une division de pensées entre ceux qui considèrent la Nature et ceux qui considèrent Gaïa. Cette division est affiliée d’une part à la religion et d’autre part à la religion.
Pensée religion : La nature est « extérieur, unifié, inanimé et ses décrets sont indiscutables; sont peuple est universel, et l’époque ou elle se situe est de tout temps” que Bruno Latour nomme Celui-dont-nous-sommes-tous-né
Pensée scientifique : La nature est “ intérieure, multiple, animée et controversée; son peuple est réduit à quelques-uns, ils vivent à une époque où tous les autres sont séparés par une révolution radicale.” que Bruno Latour nomme Ce-dont-nous-sommes-tous-né.
C’est l’opposition Nature/culture qui est discutée ici. La cosmologie de la Nature est alimentée par deux foyers et deux croyances qui invoquent pourtant la même entité universelle.
Conférence 6 > Comment (ne pas) en finir avec la fin des temps ?
Dans cette partie, Bruno Latour s’intéresse à la notion du temps et au concept de la fin des temps par rapport à l’Anthropocène.
Il part du principe que 1610 est le point de départ de la période de Anthropocène car à cette date nous trouvons autant de pensées écologiques que anthropologiques. Il identifie deux événements à cette date :
Premièrement, en 1610 on assiste à la reforestation de l’Amérique et l’Homme découvre par la même occasion que la terre a des limites.
Deuxièmement, on trouve aussi en 1610 la pensée du monde clos vers le monde infini, la montée de l’Homme vers l’univers qui est introduit par Galilée.
Bruno Latour analyse ces deux événements ensemble et conclut en disant que l’humanité a pris à cette date conscience de la rétroaction de la terre. 1610 représente une coupure dans le temps avec, selon l’auteur, un avant 1610 et un après 1610.
La pensée d’avant 1610 : Chacun est libre de penser et de croire en fonction de ses propres convictions et les grandes entités comme la politique, la religion et la science fonctionnent ensemble.
La pensée d’après 1610 : Les grandes entités sont divisées et les croyances sont désormais orientées. Il n’est plus possible d’être libre de sa pensée mais il est maintenant question de faire un choix et de se rattacher à une entité précise et surtout d’être certain de ce que l’on croit. Cette décision est adaptée comme une solution contre les guerres de religion.
Ce changement mène à une paralysie des pensées concernant les problématiques climatiques. Elles feront resurface en 1990 avec le nouveau régime climatique.
Bruno Latour parle de cette période de paralysie comme la période de désinhibition de l’humanité, c’est-à-dire le fait de ne pas réagir aux multiples alertes écologiques en toute connaissance de cause.
Ce type de comportement, Bruno Latour le traduit par un besoin de virilité qui consiste à aller de l’avant sans prendre en compte les faits passés, au nom de la modernisation et en dépit des générations futures. Autrement dit, rendre la situation irréversible permettrait de ne plus avoir à s’en préoccuper.
Concernant la question de l’apocalypse, il est identifié dans le livre trois temps représenté par l’avant, le présent et le après.
Les modernes considèrent le temps de l’apocalypse comme révolu, au même titre que l’époque religieuse. L’époque religieuse représente le monde passé et les moderne considère être passé dans le nouveau monde au quel cas l’apocalypse se serait déjà produit.
Les religieux eux, en rapport à leur croyance pensent que l’apocalypse se situe dans le futur et en rapport avec la fin des temps.
Cependant Bruno Latour indique que l’apocalypse se situe dans le temps présent et que nous sommes à l’heure actuelle en train de vivre celle-ci. Nous devons faire face aux enjeux écologiques et aux différentes menaces actuelles. En d’autres mots il faut faire face à Gaïa.
Conférence 7 > Les états (de nature) entre guerre et paix.

Latour identifie l’état de nature comme la cour suprême à laquelle nous sommes tous reliés. Il existe une diversité de points de vue cependant tous ont la même finalité à savoir la nature. Dans la structure de l’état de nature, Latour identifie un régime de paix envisageable.
Différemment de l’état de nature, l’anthropocène, lui, possède différents point de vue qui convoque différentes finalité et donc provoque une situation de guerre. L’anthropocène est une figure incertaine qui n’as pas que cour suprême à laquelle se rattache et ne possède donc pas d’arbitre. C’est ce détails qui mène à la situation de guerre.
Ces deux visions différentes opposent deux courants de pensée.
D’un côté, ceux que l’auteur appelle humains ou terrestre, vivent dans la période de l’holocène, il ont une vision à l’échelle humaine et pour eux la nature correspond à l’environnement non occupé par les humains.
En opposition il y a les Gaïens ou terrestre, qui eux vivent dans la période de l’anthropocène, on une vision à l’échelle terrestre et qui pense que la nature englobe également l’Homme.
Conférence 8 > Comment gouverner des territoires (naturels) en lutte ?
Latour fait une analyse des territoires et propose une nouvelle perception en y ajoutant de nouvelles délégations comme le sol, les océans ou encore l’atmosphère. Ces nouvelles délégations seraient représentées par la science au même titre qu’un État est représenté par un président.
Cette partie vient questionner Gaïa en termes de gouvernance.
L’ancienne vision des territoires en deux dimensions est délimitée par des frontières et possède des gouvernances distinctes, contrairement à la vision Gaïenne qui elle propose une vision en trois dimensions du monde avec des zones qui se superposent et dont la gouvernance est partagée.
Bruno Latour conclut son ouvrage en tentant de donner une définition au terme Gaïa en disant qu’ “Il s’agit toujours de l’espace, de la terre, de découverte, mais c’est la découverte d’une terre nouvelle considérée dans son intensité et non plus dans son extension. Nous n’assistons pas stupéfaits à la découverte d’un nouveau monde à notre disposition, mais à l’obligation de réapprendre entièrement la façon dont nous allons devoir habiter l’ancien !”
