Halte à la croissance ? – Dennis Meadows

Le modèle World3 a été conçu pour étudier 5 tendance globales, en 1972 : l’industrialisation accélérée, la croissance démographique rapide, la malnutrition généralisée, l’épuisement des ressources non renouvelables et la détérioration de l’environnement.
L’équipe reconnaît que sont modèle, étant schématique, est nécessairement imparfait, simplifié et très probablement incomplet.
Pour autant, il permet, d’après eux, de donner des grandes tendances nécessaire à la prise de conscience et aux décisions de celles et ceux qui en ont les responsabilités.

Ce modèle introduit également la notion de « seuil de tolérance » qui défini une limite de population à ne pas dépasser, au risque de voir un décrochage généralisé explicité plus bas.

La question se pose alors sur les conséquences sur le niveau de population en cas de dépassement de ce fameux seuil. Plusieurs hypothèses sont envisagées :
La population dépasserait le seuil de tolérance puis oscillerait autour, avec ou sans dépassements réguliers.

Ou, la population exploserait le seuil, ce qui se caractériserait par une chute violente de son niveau ainsi qu’un abaissement général du seuil de tolérance.

L’équipe modélisatrice tire plusieurs conclusions de leurs simulations :
– Si les tendances de consommations de la population mondiale restaient celles de 1972, ils estimaient que les limites de croissance seraient atteintes dans le siècle à venir. En découlerait un moment de rupture où la production s’effondrerait et un déclin soudain de la population.
– D’après eux, il est possible de corriger le tir afin de retrouver des conditions de stabilité écologique et économique. Les conditions de réussite sont liées à la capacité de mobiliser le plus tôt possible, l’ensemble de la population globale et de revoir nos systèmes de production et de consommation afin de ne pas basculer.

Le modèle mathématique proposé dans « Limit to growth » relève de la dynamique des systèmes. Cette méthode permet de comprendre les comportements dynamiques des systèmes complexes, composés de boucles de rétro-actions où les différents éléments agissent directement et indirectement avec les autres. Il permet, en outre, de prendre en compte les effets secondaires de conséquences des situations modélisées.

Même si ce modèle a été mené en contradictions depuis, il a le mérite de poser les bases d’un discours à contresens du mode vie favorisé par la période des 30 glorieuses à l’aube d’une génération de baby-boomer qui émerge.
Sans se vouloir prophétique, les auteurs s’en défendent d’ailleurs, ce rapport exprime des scénarios que l’on pourrait qualifier de pessimistes : régulation de la population, ressources naturelles illimitées, captation de la pollution, même avec des hypothèses favorisants les scénarios. Un effondrement semble inévitable.

Et même si d’autres modèles d’anticipations plus récents, plus globaux, plus perfectionnés sont venu compléter les prédictions de World3.
Notamment dans L’hypothèse Gaïa – James Lovelock où les boucles de rétroactions sont également abordées.
Dont nous pourrons trouver les résumés des chapitres 5 à 8 ici : https://plateformes.didactiques.mediationsemiotiques.com/pd/?p=89

Les notions d’explosion des consommations, de pollution, de population et de production industrielle sont encore présente et nous réalisons encore aujourd’hui qu’il est trop tard pour éviter un décrochage. Les planifications actuelles sont focalisées sur la minimisation de l’emballement.

Le cas des forêts, une ressource renouvelable ?

Considéré comme renouvelables, les forêts ont toujours été exploitées pour leur faune, flore et notamment pour leur bois.
Les forêts n’ayant jamais été exploitées sont appelées « primaires » et regorgent d’essences de bois variées, rares, nécessaire aux niches de biodiversité.  Lorsque replantées et exploitées elles sont alors nommées « secondaires » et ne remplaceront pas la qualité des forêts primaires.
En ce sens, il est bon de concevoir le bois des forêts primaires comme des ressources non renouvelables.

Il est à noter que l’ensemble des forêts primaires des zones tempérées ont disparues avant la révolution industrielle alors que les forêts des zones tropicales sont actuellement en cours d’exploitation et de disparition. Ces dernières sont remplacées par des exploitations agricoles et des habitations.

Aujourd’hui la majorité des forêts primaires subsistantes se trouvent dans les zones arctiques (Amérique du nord et Russie) et tropicales (Amérique du sud).

Concernant les projections,  si le rythme des 2% de déforestation tropicale supplémentaire est maintenu, l’ensemble des forêts non protégées auront disparues à l’horizon de l’an 2054.  En maintenant le cap actuel, de 20 millions d’hectares perdus par année, les forêts non protégées auront disparues vers 2094.
En réduisant la déforestation à 1% par an, les forêts résiduelles réduiront de moitié toutes les 72 années.
Ces projections sont amenées à varier et la réalité se trouvera probablement entre ces différents scénarios, les décisions politiques, évolutions démographiques et aléas socio-économiques pèseront dans la balance.

Est abordée également la notion sensible et qualitative des forêts primaires. Difficilement quantifiables, le nombre d’espèces connues et inconnues, la biodiversité, sont autant de paramètres à prendre en compte dans les enjeux forestiers.

Enfin, il est pertinent de relever le fait que la démocratisation des outils numériques est corrélé à l’explosion de la consommation de papier par l’ensemble de l’humanité où de gros efforts sur le recyclage pourraient permettre de limiter leur impact sur les forêts.

Pour aller plus loin sur le modèle world3 et ses contradicteurs :

Modéliser l’avenir de l’humanité – Heu?reka

Il est possible d’expérimenter le modèle world3 et de faire varier soi-même les valeurs présentées en suivant le lien suivant :
https://insightmaker.com/insight/1954/The-World3-Model-Classic-World-Simulation

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