Rapports spéciaux du GIEC

Le GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1988 par l’ONU et l’organisation météorologique mondiale est composé de milliers de scientifiques et d’experts du monde entier. Ces derniers oeuvrent bénévolement à l’étude d’articles validés par la communauté scientifique.

Pour autant, ce regroupement d’experts ne fais pas l’unanimité et, en 2009, l’organisation a été accusée d’exagérer intentionnellement le réchauffement climatique, c’est ce l’on a nommé le climategate.

Tous les 5 à 7 ans, cette organisation produit un rapport d’évaluation qui résume les découvertes scientifiques autour du réchauffement climatique.
Le rapport de 2007 établi formellement que le changement climatique est indéniable et imputable à l’activité humaine.

Le GIEC produit également des rapports spéciaux, thématisés sur des problématiques spécifiques.
Nous nous intéresserons ici à 3 s’entre eux : Réchauffement planétaire de 1,5°C (2018), Changement climatique et terres émergées (2019), ainsi qu’à L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (2019).
Ce dernier a participé à la prise de conscience des populations ainsi qu’aux premières mobilisations citoyennes pour le climat.

Introduction

L’essentiel du contenu des trois rapports spéciaux du 6ème cycle d’évaluation du changement climatique peut être résumé en 5 items principaux :
– Le climat change partout et les ses effets sont déjà observables
– Les gaz à effet de serre en sont les principaux responsables
– A court terme, il est possible de réduire les tendances engagées
– A long terme, il ne tient qu’à l’humanité de réduire ses émissions à effets de serre pour éviter d’aller dans le mur
– Enfin, de nombreuses options d’actions existent et peuvent plus ou moins limiter les conséquences de réchauffement climatique

Réchauffement planétaire de 1,5°C (2018)

Ce rapport permet une projection des conséquences qu’impliqueraient un réchauffement de 1,5°C à 2°C.
Parmi les éléments essentiels, il faut retenir qu’il n’y a que 5°C globaux qui nous séparent de la précédente ère glaciaire.
Un réchauffement de quelques demi-degrés implique une multiplication des événements climatiques chaud (sécheresse, canicule, incendies, etc.) et un adoucissement des températures des saisons froides. En somme, les hivers seront de moins en moins froids, ce qui est déjà observable depuis plusieurs dizaines d’années, et les étés seront de plus en plus chaud.
Les pluies seront plus intense sous les climats humides et plus rares sous les climats secs.
Ces évolutions vont impacter profondément les écosystèmes, le rendement agricole voire l’habitabilité d’espaces actuellement peuplés qui deviendront trop chaud et trop humides pour y rester.

Quelles différences entre 1,5°C et 2°C ?

Les risques sont disproportionnellement plus élevés pour l’Arctique, les zones arides (dont celles de climat méditerranéen), les pays insulaires et les pays les moins avancés.
On peut s’attendre à plusieurs millions de personnes exposées aux risques climatiques directs et indirectes et susceptible de basculer dans la pauvreté, dans le cas d’un scénario à 2°C plutôt 1,5°C.

Pour autant, il existe ne nombreux leviers d’actions pour limiter les risques liés au climat. Cependant, il existe aussi des limites à l’adaptation et aux capacités humaines.
Il n’est pas possible pour le GIEC d’évaluer les coûts de transformation de nos sociétés, mais il s’agirait un rythme jamais vu jusqu’à aujourd’hui.

Changement climatique et terres émergées (2019)

Le second rapport spécial, permet de mettre en lumière les enjeux sociétaux et climatiques autour d’une ressource critique, indispensable à l’ensemble de la population humaine.
Cependant, une gestion durable des terres est possible dès maintenant et fait partie des solutions envisageables. Pour autant ce secteur ne peut pas soutenir les émissions des autres secteurs d’activité.

L’humanité utilise 70% des terres non-glacées, un quart d’entre elles sont déjà dégradées (notamment par désertification).
L’évolution démographique et la consommation par habitant contribue à la pression croissante sur les terres émergées. Son exploitation se caractérise également par la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité.

Malgré les évolutions techniques et technologiques, le système alimentaire n’est pas soutenable dans le temps. Aujourd’hui, 820 millions de personnes souffrent de la faim alors que 2 milliards de personnes sont en surpoids ou obèses.
Le gaspillage a également sa part de responsabilité dans ces inégalités alimentaires : 25 à 30% de la production est perdue ou jetée.
Enfin, 1/3 des émissions de gaz à effet de serre provient de notre système alimentaire actuel alors que c’est un secteur critique et vulnérable au changement climatique.

Parmi les solutions existantes, nous pouvons citer :
–  l’élimination des pertes et du gaspillage alimentaire
– une transformation des modes de production, de transformation et de consommation
– Un renforcement des « puits de carbone », symbolisés par la restauration des forêts et des boisements

Il est important de prendre en compte que le réchauffement climatique est plus important au dessus des continent, ce qui implique un assèchement de certains sols où à une fonte plus prolongée des espaces arctiques et antarctiques.

Ce rapport aborde aussi les risques encourus par le réchauffement des températures, parmi eux : feux de forêts, chute des rendements, pénurie d’eau dans les régions arides.
Egalement, les niveaux de risques ne sont pas uniquement liés au réchauffement, les choix socio-économiques ont une part majeure dans ces derniers.

Dans tous les cas, il est important de varier et de démultiplier les types d’actions, l’exemple présenté est celui du boisement. Si le fait de planter des forêts, avec des essences locales et adaptées, peut effectivement permettre de restaurer des puits de carbone. Ne faire que cela sans varier localement les initiatives peut se révéler contre-productif.
Enfin, il faut agir dès maintenant, anticiper l’aggravation de la situation. Les rapports bénéfices/coûts sont toujours plus intéressants à court terme plutôt que d’attendre une situation encore moins favorable

L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (2019)

Ce rapport mets en avant les effets de cascades et les conséquences indirectes liées à la transformation des zones arctiques, antarctiques et de haute montagne.

Pour commencer, les régions de haute montagne sont habituées par 670 millions de personnes qui dépendent du stockage de l’eau des glaciers et des précipitations pour subsister.
30 % des sols gelés se trouvent en zone de haute montagne. La fonte des glaciers représente plus ou moins 123 milliards de tonnes d’eau qui rejoignent les océans chaque année.
Parallèlement, les sols gelés augmentent régulièrement en températures depuis les années 80.

Le tourisme, l’agriculture, les infrastructures sont directement concernés par les conséquences du réchauffement et entrainent des mouvements de population. Notamment dans les régions de haute montagne en Asie.

Les projections faites mettent en avant la poursuite de la fonte des glaciers.
La stabilité des pentes, le nombre, la surface des lacs pro-glacière et leur conséquences avec les risques de vidanges abruptes de ces lacs qui peuvent entrainer des glissements de terrains ou des avalanches dans de nouvelles zones ou altitudes et à de différentes saisons peu concernées par le passé.

Quand les glaciers reculent, les rivières de remplissent. On peut observer des phénomènes d’écoulement et de ruissellement plus importants.
La fonte précoce des glaciers ne permet plus d’entretenir les cours d’eau sur de longues périodes, ce qui entrainera une augmentation des assèchements de cours d’eau dépendants des montagnes de plus en plus fréquents.

Au delà des risques encourus, c’est toute une biodiversité qui est en danger. Adaptée au climats froids, les espèces ne pourront subsister à un réchauffement rapide de leurs milieux de vie.

En ce concerne les régions polaires, elles sont déjà particulièrement affectées par le réchauffement climatique.
Notamment la région arctique, qui abrite 4 millions de personnes dépendantes des espèces animales et végétales. Ces populations sont particulièrement impactées, car nous le disions plus haut, les effets du réchauffement ne sont pas proportionnellement répartis sur le globe.

Les sols gelés sonts d’énormes réservoirs de carbone et il est aujourd’hui impossible de savoir exactement les conséquences du réchauffement des ces terres et de l’éventuelle libération du carbone emmagasiné.
Enfin, la perte de masse du Groenland et de l’Antarctique contribue à l’élévation du niveau des mers, en lien avec la dilatation de l’eau par réchauffement.

 

La Terre est un être vivant. L’hypothèse Gaïa. James Lovelock

Partie II

CHAPITRE 5: L’ ATMOSPHERE CONTEMPORAINE

Source: unsplash

Tout d’abord nous apprenons que l’atmosphère est composée de plusieurs couches distinctes:

La troposphère: jusqu’à 7 miles d’altitude. Elle se divise en deux parties: la limite est à l’équateur. Au sud, on trouve de l’air “clair”; alors qu’au nord, l’air est relativement “sale”. Les gaz réagissent comme une flamme lente et froide: les gaz sont oxydés et balayés de l’air par réaction avec l’oxygène, ces réactions sont rendues possible par la lumière solaire. Nous apprenons ensuite que la température chute de 1°C chaque fois que l’on monte de 100m environ, ce qui facilite la formation de nuages.

La stratosphère: au-dessus de la troposphère. L’air ne s’y mélange pas facilement dans le sens vertical malgré des vents forts. La température augmente en même temps que l’altitude. La formation et déformation de l’ozone= O3 se font à ce niveau.

L’ionosphère= thermosphère : Le rythme des réactions chimiques s’intensifie (dû aux rayons non filtrés du Soleil), sauf pour le N2= le diazote et CO= monoxyde de carbone, molécules qui ont tendance à se dissocier en leurs atomes constitutifs. On y trouve des ions= atome et électrons positifs à couches conductrices d’électricité.

 L’exosphère: ne fait que quelques centaines d’atomes par cm3; c’est la source de fuite d’atomes d’hydrogène.

Lovelock est parti de l’analyse de la composition chimique de l’atmosphère pour montrer l’absence de vie sur Mars; d’où la conclusion: l’atmosphère d’une planète vivante est profondément différente de celle d’une planète morte. Et de plus la composition est tellement construite de manière parfaite et compliqué pour accueillir la vie, qu’il serait impossible de le retrouver de la même manière ailleurs. Mais même si la vie humaine n’est pas observée sur d’autres planètes, elles comportent tout de même des caractéristiques qui leur sont propres et permettent d’abriter des formes de vies qui ne ressemblent en rien à ce que nous connaissons. 

La structure de l’atmosphère. Source: meteofrance

Les fonctions des différentes molécules:

O2= oxygène    CH4= méthane

Une question se pose, qu’elle est leur fonction dans l’atmosphère ?

Le méthane fournit de la vapeur d’eau à la partie supérieure de l’atmosphère, et de l’O2 en petite quantité.

Dans les couches inférieures: il permet de consumer environ 2000 mégatonnes d’O2 par an. Sinon il y aurait une élévation du taux de O2 de 1% tous les 12000 ans, ce qui montre bien l’effet du système de régulation de la Terre. Nous voyons aussi qu’il n’y a pas de relation entre la quantité de gaz et leur importance: les gaz les plus rares ont souvent une grande importance. Mais le CO2 et l’eau sont des gaz à effet de serre qui permettent le maintien de la température de la Terre. La biosphère interagit constamment avec le CO2 de l’atmosphère. H2O: C’est le fameux cycle de l’eau. Sans eau, il n’y aurait pas de vie.

CHAPITRE 6: LES EAUX

Source: unsplash

Divers chiffres:

Les eaux représentent les 3 quarts de la surface de la Terre; et plus de la moitié de la matière vivante terrestre. La profondeur moyenne est de 3200m; le volume total: 1,2 milliards de km³; la masse totale: 1,3 millions de millions de millions de tonnes.

L’océanographie qui est l’étude des eaux née suite au voyage du navire challenger avait pour objectif d’étudier des océans dans le monde entier. Ce qui a permit la découverte de la caractéristique spécifique de l’océan formant un réservoir de gaz dissous qui assure la régulation de la composition de l’air que nous respirons. 

Le Challenger, 1858. Source: Wikipedia

L’auteur pose une question durant ce chapitre: pourquoi la mer est-elle salée ?

Source: unsplash

Il faut savoir que:

La teneur en sel de l’océan est de 3,4%. Elle n’a pas beaucoup changé depuis la formation des océans. La composition de l’eau de mer varie un peu d’une région à l’autre et en fonction de la profondeur de l’eau. Une cellule vivante, sauf rare exception, ne peut pas survivre plus de quelques secondes dans un environnement dont la salinité dépasse 6%.

Les deux réponses données sont:

– L’ écoulement continental: les sels sont amenés par les pluies et les fleuves.

– L’effet dit «moulin à sel»: des roches pâteuses jaillissent du sol de l’océan et se propagent dans les eaux= effet de siphon qui fait disparaître le sel de la mer.

Conséquence, nous devons nous demander comment le sel est extrait de l’eau de mer:

Cela peut être des mécanismes inorganiques non vivants:

– Des pluie de débris qui se déposent dans le sédiment du sol marin ou se combinent avec les minéraux du sol océanique;

– Dans des zones de forte évaporation, cristallisation des sels et dépôts;

– La nature crée des barrières naturelles comme les récifs de coraux qui retiennent l’eau à plus forte évaporation; donc les dépôts de sels sont éliminés par les processus géologique naturels.

Lovelock propose une hypothèse en conclusion, c’est que le déplacement des oiseaux et des poissons migrateurs aurait pour but de recycler le phosphore donc le sel minéral présent dans le corps humain et dans les roches.

Cycle de l’eau
Le principe de la photosynthèse. Source: plancton-du-monde.org
Le mécanisme de l’Upwelling. Source: plancton-du-monde.org

CHAPITRE 7: LE PROBLEME DE LA POLLUTION

Source: unsplash

Pollution anthropique, produit par l’homme et pollution naturelle :

«Les activités industrielles actuelles et futures forment une menace pour la vie humaine, mais les risques que cela mette en danger la vie de Gaïa dans son ensemble sont relativement faibles».

Car quand l’éspèce humaine ne sera plus là, la Terre elle, sera toujours là. On voit dans ce chapitre que les Substances toxiques mais naturelles existent et qu’elles sont produites par la nature.

La question devient donc: peut-on considérer que la pollution est naturelle ?

James Lovelock pense que si on considère la pollution comme étant le déversement de déchets naturels donc chimique, oui.

La pollution contemporaine d’un point de vue gaïen:

D’après Lovelock, nous avons été entraînés à chercher au mauvais endroit la pollution. On voit que dans les endroits où la pollution industrielle a pu sévir, les endroits les plus peuplés, aujourd’hui la nature y reprend sa place. Nous focalisons sur la pollution urbaine parce que nous vivons majoritairement dans les villes. Mais Les plus grands désordres ne sont en fait pas majoritairement dans les régions urbanisées du Nord. Les désastres environnementaux ne sont pas dus aux avancées technologiques trop rapides mais «les fruits d’une économie rurale malsaine et mal adaptée, supportée par une technologie primitive». Mais l’auteur admet tout de même que les activités de l’homme qui constituent une menace pour la vie de la planète,  avec les industries chimiques et la combustion des ressources fossiles sont responsables de : l’ augmentation du cycle du carbone de 20% et de l’ augmentation de celui de l’azote de 50%. Ce qui a pour conséquence l’effet de serre et le refroidissement de la planète.

Face aux recherches de l’auteur, nous pouvons mettre en relation le rapport de 2007 du GIEC, qui établi formellement que le changement climatique est indéniable et imputable à l’activité humaine, ce qui vient compléter les prédictions de James Lovelock. Il est important de préciser que malgré des corrélations avec ce rapport, des divergences d’avis concernant la pollution et la rapidité d’action face à l’avenir de la planète sont présentes.

Origines de la pollution de l’eau. Source: oceancampus

Il émet l’hypothèse que ces conséquences s’annulent via la régulation du thermostat de Gaïa car en effet l’existence de Gaïa suppose qu’il existe des espèces qui coopèrent pour réguler le système. Selon lui il faut faire attention à ne pas réagir de manière excessive en écoutant les «avertissements explosifs des environnementalistes radicaux». Nous avons le temps, il n’y pas besoin de s’alarmer mais de laisser les scientifiques faire leur travail avant de pouvoir prendre des mesures en toutes connaissances de cause : «Nous disposons de suffisamment de temps et les scientifiques d’assez de volonté pour étudier et confirmer ou infirmer les allégations et laisser ensuite aux légistes le soin de décider de manière rationnelle ce qu’il convient de faire» Il croit fortement en la technologie qui nous permettrait de maintenir le contrôle exercé par Gaïa.

L’agriculture primitive est pour Lovelock la principale responsable de la pollution. Les incendies rejettent dans l’atmosphère du dioxyde de carbone, des substances chimiques organiques et des particules aérosols, l’agriculture produit aussi du chlorure méthylique. Les incendies d’herbes engendrent une quantité largement supérieure de rejets gazeux que les activités industrielles et les rejets naturels de la mer. En plus du chlorure méthylique, tout changement brutal des écosystèmes naturels risque de modifier l’équilibre naturel des gaz atmosphériques et cela risque de provoquer des perturbations à l’échelle globale. De plus, la dévastation des écosystèmes tropicaux est susceptible de réduire sa capacité à remplir ce rôle.

Ici aussi, nous pouvons mettre en relation le rapport sur le changement climatique et terres émergées de 2019 du GIEC, qui établi que l’exploitation des terres se caractérise également par la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité, ce qui vient compléter l’hypothèse de James Lovelock.

 

Andains écobués dans la plaine du Logone, arrière-pays de Kim (1975). Source: books.openedition.org

CHAPITRE 8: VIVRE AVEC GAÏA

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Dans ce dernier chapitre il aborde le rapport à l’écologie et donc présente les différentes théorie de différents écologiste, par exemple:

– Lynn Margulis: «Chaque espèce modifie dans une mesure plus ou moins grande, son environnement, pour optimiser son taux de reproduction».

– Richard Dawkins: «Les progrès technologiques peuvent être analogues» = semblable à des mutations.

Pour lui, l’homme est le héros d’une tragédie qui va déboucher sur sa propre mort et celle du monde dans son ensemble. Le seul moyen de s’écarter de cette trajectoire: renoncer à notre technologie en majorité et adopter le nucléaire. Cependant, il doute que nous en ayons véritablement le choix. Pour James Lovelock, «Les hommes paraissent plus tournés vers l’action destructive que la pensée constructive». James Lovelock prend aussi en compte l’écologie humaine, mais comme il traite de l’écologie dans son ensemble et que l’homme n’est arrivé que très tardivement sur la Terre, il n’est pas le centre de la théorie pour lui. «Notre espèce dans un monde gaïen n’est qu’une partie inévitable de la scène naturelle» James Lovelock.

Source: unsplash

Trois caractéristiques sont cependant susceptibles de modifier en profondeur notre interaction avec le reste de la biosphère:

– La tendance à rendre optimum les conditions de toute vie terrestre.

– Les conséquences de nos agissements dépendent du lieu où ils s’exercent.

– Les réponses que proposera Gaïa aux problèmes catastrophiques que nous allons lui soumettre dépendront de la cybernétique, de la constance temporelle et de la boucle de gain. Lorsque l’on réalisera cela, tout se passera encore plus mal à cause de la force d’inertie, il faudra attendre avant de voir les choses s’améliorer.

Il dit aussi que la plupart des gouvernements et différentes corporations multinationales achètent désormais les services de futurologues ou créent leur propres services de prédiction concernant l’avenir écologique. Mais pour lui notre ignorance des conséquences éventuelles de nos actions est si grande qu’il est presque impossible de réaliser des prédictions utiles relatives à l’avenir. Nous ne pouvons pas renoncer à la technologie. Nous devons faire avec, c’est pourquoi le mouvement de technologie alternative peut être un moyen de reconnaître notre dépendance des technologies tout en apportant une solution aux conséquences néfastes qu’elles produisent. Les technologies des communications peuvent ainsi nous permettre de diffuser instantanément l’information relative à l’environnement et de ce fait conduit à trouver de nouvelles solutions. Et ça a donc un effet positif ici.

MON EXPERIENCE:

Les nerfs reliés aux dents. Source: Anatomynext
Les nerfs reliés aux dents. Source: Anatomynext

J’ai relevé de nombreuses métaphores intéressantes entre la Terre et le corps humain sur son fonctionnement, et ce principe est utilisé de nombreuses fois par l’auteur pour parler de l’hypothèse Gaïa, mais aussi pour faire des parallèle entre les diverses disciplines.

Le Terre est un être vivant. L’hypothèse Gaïa. James Lovelock.

© Figaro, atelier de James Lovelock, 1986.

L’édition originale a été publiée en 1979. En 1993, Flammarion sort une première réédition puis une nouvelle en 2017 avec l’intervention de Pierre Henri Gouyon.

Qu’est-ce que c’est l’hypothèse Gaïa?

Le point déclenchant, selon Lovelock, serait l’observation de la Terre, de l’espace. Ainsi est née l’Hypothèse Gaïa : hypothèse suggérant que la matière organique, l’air, les océans et la surface terrestre de la Terre forment un système complexe susceptible d’être appréhendé comme un organisme unique et ayant le pouvoir de préserver les caractéristiques vitales de notre planète. Elle naît dans l’esprit de James Lovelock vers le milieu des années 1960 et implique une étude interdisciplinaire.

© James Lovelock, the earth system and Gaïa.

Qui est James Lovelock?

© Babelio

James Lovelock est né le 26 juillet 1919 à Letchworth Garden City en Angleterre, il est un penseur, scientifique, enseignant et environnementaliste. Il est spécialiste des sciences de l’atmosphère. James Lovelock est considéré, depuis les années 1960, comme l’un des principaux chefs de file idéologiques de l’histoire de l’écologie.

Qui est Pierre-Henri Gouyon?

© Look at sciences

Pierre-Henri Gouyon est né le 25 décembre 1953. C’est un biologiste français spécialisé en sciences de l’évolution et plus particulièrement en génétique, en botanique, et en écologie. Au-delà de ses travaux scientifiques, il s’est intéressé aux questions d’éthique et de relations entre science et société. Il a dirigé 16 thèses.

Dans cet ouvrage, six questions lui sont posées sur l’hypothèse Gaïa, il y répond par trois grandes affirmations :

« La terre serait le plus gros être vivant qu’on puisse imaginer. »

« Aucune forme de vie sur Terre ne peut vivre sans les autres. »

« L’idée de sauver la planète prend alors tout son sens »

PARTIE 1 : CHAPITRE 1 À 4

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

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Gaïa est définie par une entité complexe comprenant la biosphère terrestre, l’atmosphère, les océans et la terre. L’ensemble forme un système de feed-back ou cybernétique qui recherche un environnement physique et chimique optimal pour la vie sur la planète.

Quelles sont les raisons de ce passage à l’hypothèse selon James Lovelock ?

Le climat de la Terre n’a pas évolué depuis 3 500 millions d’années et l’apparition de la vie, alors que l’émission de chaleur du Soleil, les propriétés de surface de la Terre et la composition de l’atmosphère ont changé de façon considérable pendant cette même période;

L’atmosphère n’est pas un produit biologique, mais une construction biologique, c’est-à-dire “l’extension d’un système vivant conçu pour préserver un environnement choisi.”;

Le Climat et les propriétés chimiques de la Terre semblent avoir toujours été optimaux pour la vie.

CHAPITRE 2 : À L’ORIGINE

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Tout d’abord, la Terre commença son existence, il y a 4,5 milliards d’années avec un assemblage de molécules«aléatoires» provocant la vie due à une supernova.

Ils ont pu constater que la température de la Terre est demeurée constante et favorable à la vie, un peu à la manière dont la température de notre corps demeure constante en été ou en hiver.

De plus, la mort naturelle et la dégradation des organismes auraient libéré des matériaux essentiels pour la communauté dans son ensemble, mais certaines espèces ont dû juger qu’il était plus pratique d’assurer leur survie en se nourrissant d’êtres vivants.

Ainsi, Mars et Vénus sont des planètes mortes et qui ne pourront plus jamais acceuilir la vie car elles ne disposent ni de la force gravitationnelle ni de la basse température nécessaire pour préserver indéfiniment l’hydrogène sans assistance biologique.

CHAPITRE 3 : LA RECONNAISSANCE DE GAÏA

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Ici, James Lovelock représente la création humaine par le château de sable qui est remodelé par différents facteurs dans un environnement donné de 4 états distincts :

l’état de neutralité, qu’on ne rencontrera jamais sur Terre tant que le soleil brillera et fournira de l’énergie pour déplacer les grains de sable ;

l’« état stable », illustré par un produit de la vie (le château) ;

l’état dans lequel la vie occupe la scène (le constructeur du château de sable serait alors présent.);

Une distribution suffisamment différente de l’état environnant pour être reconnaissable en tant qu’entité.

Pour valider cette hypothèse, il relate les expériences suivantes :

Expérience 1:
Le chimiste suédois Sillen a été le premier à calculer le résultat que l’on obtiendrait si l’on amenait les substances de la Terre à un équilibre thermodynamique. Ses calculs ont été vérifiés et confirmés et ont permis de dire que ce monde serait incapable de supporter la vie, car il nécessite un flux d’énergie constant du Soleil pour persister.

En conséquence, il est presque certain que les châteaux de sable ne sont pas des conséquences accidentelles de processus naturels, mais non-vivants (vent, vague).

Expérience 2:
Ici, ils supposent que toute vie ait disparu sur Terre. 
Le cas du docteur Intensli Eeger et de ses céréales traitées avec des bactéries qui vont être responsable de la recouverte des océans et des mers par une algue verte, une couleur de la Terre qui sera propice au réchauffement de cette dernière. En conclusion, les océans se sont réchauffaient et bouillonnent désormais. Ce phénomène entraîna des pluies acides.

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Enfin, rappelons que ces scénarii correspondent à de la science-fiction, le spécialiste de la manipulation génétique John Prostgate affirme que rien de tout cela ne pourrait arriver dans la réalité.

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Pour finir, James Lovelock suppose que si la moitié de toutes les armes nucléaires mondiales étaient utilisées au cours d’une guerre nucléaire, les effets sur la plupart des écosystèmes humains et crées par l’homme seraient faibles dans un premier temps et deviendrait négligeable trente ans après.

CHAPITRE 4 : LA CYBERNÉTIQUE

 Qu’est-ce que c’est la cybernétique ?

La cybernétique est la science qui étudie les mécanismes de communication et de régulation dans les machines et chez les êtres vivants.

© La cybernétique, Norbert Wiener.

 

Ainsi tous les organismes vivants, du plus petit au plus grand, ont une capacité à élaborer, à opérer et préserver des systèmes qui fixent un objectif puis à s’employer à l’atteindre par le processus cybernétique de tâtonnement. (tous les êtres vivants recherchent la perfection, mais ne l’atteignent jamais.).

Par exemple, la température du four se régule, mais elle n’est jamais parfaite, elle possède une marge d’erreur.
James Lovelock compare cette température à la température de l’organisme qui est maintenue à un niveau optimal constant à la suite d’une décision consensuelle prise par le cerveau en consultation avec les autres parties du corps quant à la température la mieux appropriée à la circonstance. En effet, les humains/animaux recherchent un environnement plus chaud ou plus froid.

Par conséquent, les processus physiologiques coordonnés qui maintiennent la plupart des états stables dans l’organisme sont si complexes et si particuliers aux êtres vivant impliquant le cerveau et les nerfs, le cœur, les reins et la rate, travaillant tous en coopération étroite, c’est ce qu’on appelle l’homéostasie.

Pour conclure, la stabilité des systèmes complexes indique comment Gaïa est susceptible de fonctionner physiologiquement.

POUR ALLER PLUS LOIN

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L’Univers, peut-il être considéré comme un être vivant ?

Exsite-t-il une autre forme de vie que celle que nous connaissons actuellement ?

MON EXPÉRIENCE

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Étant diplômé d’un baccalauréat scientifique, cet ouvrage m’a replongé dans mes anciens cours de sciences et vie de la terre, mais aussi ceux de physique ou encore de chimie.  

Malgré ça, la compréhension de certains passages fut compliquée, car si nous n’avons pas le langage scientifique, nous ne pouvons pas tout comprendre. En effet, quand James Lovelock explique le rôle de l’atmosphère, il cite de nombreux noms d’atomes et de molécules qui perdent le lecteur s’il n’a pas les connaissances sur ce sujet-là. 

Pour conclure, cette hypothèse a été très intéressante à décrypter et a fait remonter des points et des questionnements que j’avais étant enfant. Tel que sur l’existence des extra-terrestres ou encore sur la capacité de la Terre à tous nous accueillir.

(Terrestres -> Terre)

Tout peut changer : capitalisme & changement climatique. Naomi Klein

Naomi Klein, journaliste, essayiste, réalisatrice et altermondialiste canado-américaine, écrit son essai “Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique.” en 2014. 

Elle commence par introduire ses propos avec un extrait de rapport de l’association américaine pour l’avancement des sciences de 2014. L’extrait de ce rapport nous explique que le moindre bouleversement écologique entraînera des conséquences dévastatrices. Nous sommes déjà conscients que tout est trop tard et que notre monde est en train de changer sans que l’on puisse avoir le moindre contrôle. 

Elle explique ensuite sa propre prise de conscience face au changement climatique. Elle en était pour le moins consciente mais n’en avait qu’une vague idée et se contenter de survoler les rapports et particulièrement les plus terrifiants. Pour Noami Klein, nombreux d’être humain sont ainsi, ils détournent le regard vite sur la cause et voient en l’humain un sauveur alors qu’il est lui-même la cause de la crise climatique. On oscille entre conscience et déni, et elle définit ce phénomène “d’amnésie écologique”. Nous sommes “trop occupés » pour prendre les choses en mains, et conscient de l’ampleur de l’effort à fournir pour le changement climatique nous préférons nier plutôt que renoncer à notre confort.

Elle rencontre Angelica Navarro Llanos qui est ambassadrice de la Bolivie à l’OMC. Angelica Navarro Llanos considère le changement climatiquecomme une terrible menace pour son peuple, mais aussi comme une opportunité.” (avant-propos, page 17). Son pays ayant peu participé à l’emballement des émissions il serait alors en position de se déclarercréanciers climatiques”, les grands pays producteurs d’émissions auraient à les « dédommager » et son pays pourrait donc plus se développer en empruntant la voient des énergies vertes. Cependant, la prise de conscience et l’acceptation de la responsabilité des grands pays producteurs d’émissions sont toujours repoussées car ceux-ci perdent du temps sur des querelles pour repousser l’échéance et gagner des délais supplémentaires pour ne pas avoir à réduire leurs émissions de GES. Par exemple durant la conférence de Copenhague les gouvernements n’arrivant pas à se mettre d’accord ils étaient libres d’ignorer leurs engagements.

“Le dérèglement climatique est devenu une crise existentielle pour l’humanité.” (p.33)

Tout au long de son essai Noami Klein utilise souvent le lexique de la guerre. En effet le dérèglement climatique est une bataille, une guerre qui nous concerne tous et face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux. Elle propose d’imaginer un plan Marshall pour sauver la planète. Il faudrait reprendre le principe d’effort de guerre pour que la planète puisse survivre. Cependant les mesures à mettre en œuvre sont incompatibles avec le capitalisme et elle représenterait une menace pour la minorité qui a la haute main sur l’économie. Notre système économique et notre planète sont en guerre sauf qu’il n’est possible que de changer notre système économique. Nous sommes actuellement dans la « décennie zéro”, soit on change les manières de penser et de faire maintenant soit on perd. Le problème est principalement politique, il faut passer des milieux des affaires au milieu de la vie. Naomi Klein propose une autre stratégie, qui est celle de rompre avec le fondamentalisme marchand qui est devenu l’ennemi de la planète. 

Elle met en parallèle deux visions dans la crise climatique : les opportunités qui s’en dégagent : comme celle de raviver l’économie locale, de réduire les géants des secteurs privés et de réinvestir dans les infrastructures publiques (comme les transports, l’eau..). Cette crise pourrait aussi devenir un catalyseur d’un ensemble de transformations sociales, économiques et politiques. Mais pour certains et la Naomi Klein parle des partisans de Heartland institut la crise climatique est inconcevable au point qu’ils refusent d’y croire. Il la considère comme étant un complot qui sert de prétexte national-socialiste pour abolir le capitalisme et le remplacer par un “communautarisme vert”. En effet, ces opportunités se font aux dépens du capitalisme et donc de tous ceux qui tirent des profits de ce système. Le changement climatique est une bataille climatique mais aussi idéologique, et pour certains la crise climatique n’est qu’un nouveau moyen pour les États de s’imposer. 

On voit au fur et à mesure du premier chapitre que de moins en moins de personnes croit au changement climatique. Et l’auteur nous explique que les convictions politiques ont un impact sur la façon de voir et de percevoir le problème de la crise climatique. Et c’est la “vision culturelle du monde” qui permet d’expliquer ses croyances ou non. Il est plus facile de nier la réalité que de voir sa vision du monde voler en éclat. On en vient alors à se questionner. L’être humain est-il enclin à nier une vérité trop coûteuse ? Peut-il renoncer à ses intérêts financiers au profit de la crise ? Et est-ce aux pays riches d’assumer et d’aider les pauvres (financièrement comme humainement)?

Dans la logique des choses ce serait aux pays qui produisent le plus de GES a porté de fardeaux. Que ce soit du “plan marshall pour la planète”, avec des efforts plus conséquents à fournir mais aussi à venir en aide aux populations, souvent les moins polluantes, qui ne vont avoir d’autres choix que de migrer vers d’autres pays. 

“Au lieu de reconnaître la dette des pays riches envers les migrants obligés d’abandonner leurs terre a cause de nos actions (et de notre inaction), nos gouvernement construiront toujours plus de forteresse et adopteront des lois de plus en plus draconiennes pour lutter contre l’immigration.” (page 87)

Le changement climatique est une guerre idéologique, économique et sociale avec les nouveaux migrants à venir et la volonté ou non des pays riches de les accueillir. De nombreux environnementalistes considèrent le changement climatique comme un remarquable facteur d’égalisation qui n’épargne personne, riche comme pauvre. Cependant plus on tarde et plus les changements seront radicaux. Naomi Klein parle depolitique de l’autrucheque nous pratiquons depuis plus de 20 ans. Pour elle le climat n’a pas de rapport entre gauches ou droites mais avec le faite « d’avoir raison ou d’avoir tort« .

“La véritable cause de l’inertie actuelle face au changement climatique tient au fait que les mesures nécessaires menacent directement la paradigme économique dominant et le mythe fondateur de la culture occidentale.” (p110)

« Tout peut changer : capitalisme et changement climatique. » Naomi Klein, p.   , Traduction française de « This Changes Everything ; Capitalism vs the climate » publié en 2014 par Simon & Schuster et traduit en 2015 chez Actes Sud.

(Partie « décalogue »  partie « économie » )

Halte à la croissance ? – Dennis Meadows

Le modèle World3 a été conçu pour étudier 5 tendance globales, en 1972 : l’industrialisation accélérée, la croissance démographique rapide, la malnutrition généralisée, l’épuisement des ressources non renouvelables et la détérioration de l’environnement.
L’équipe reconnaît que sont modèle, étant schématique, est nécessairement imparfait, simplifié et très probablement incomplet.
Pour autant, il permet, d’après eux, de donner des grandes tendances nécessaire à la prise de conscience et aux décisions de celles et ceux qui en ont les responsabilités.

Ce modèle introduit également la notion de « seuil de tolérance » qui défini une limite de population à ne pas dépasser, au risque de voir un décrochage généralisé explicité plus bas.

La question se pose alors sur les conséquences sur le niveau de population en cas de dépassement de ce fameux seuil. Plusieurs hypothèses sont envisagées :
La population dépasserait le seuil de tolérance puis oscillerait autour, avec ou sans dépassements réguliers.

Ou, la population exploserait le seuil, ce qui se caractériserait par une chute violente de son niveau ainsi qu’un abaissement général du seuil de tolérance.

L’équipe modélisatrice tire plusieurs conclusions de leurs simulations :
– Si les tendances de consommations de la population mondiale restaient celles de 1972, ils estimaient que les limites de croissance seraient atteintes dans le siècle à venir. En découlerait un moment de rupture où la production s’effondrerait et un déclin soudain de la population.
– D’après eux, il est possible de corriger le tir afin de retrouver des conditions de stabilité écologique et économique. Les conditions de réussite sont liées à la capacité de mobiliser le plus tôt possible, l’ensemble de la population globale et de revoir nos systèmes de production et de consommation afin de ne pas basculer.

Le modèle mathématique proposé dans « Limit to growth » relève de la dynamique des systèmes. Cette méthode permet de comprendre les comportements dynamiques des systèmes complexes, composés de boucles de rétro-actions où les différents éléments agissent directement et indirectement avec les autres. Il permet, en outre, de prendre en compte les effets secondaires de conséquences des situations modélisées.

Même si ce modèle a été mené en contradictions depuis, il a le mérite de poser les bases d’un discours à contresens du mode vie favorisé par la période des 30 glorieuses à l’aube d’une génération de baby-boomer qui émerge.
Sans se vouloir prophétique, les auteurs s’en défendent d’ailleurs, ce rapport exprime des scénarios que l’on pourrait qualifier de pessimistes : régulation de la population, ressources naturelles illimitées, captation de la pollution, même avec des hypothèses favorisants les scénarios. Un effondrement semble inévitable.

Et même si d’autres modèles d’anticipations plus récents, plus globaux, plus perfectionnés sont venu compléter les prédictions de World3.
Notamment dans L’hypothèse Gaïa – James Lovelock où les boucles de rétroactions sont également abordées.
Dont nous pourrons trouver les résumés des chapitres 5 à 8 ici : https://plateformes.didactiques.mediationsemiotiques.com/pd/?p=89

Les notions d’explosion des consommations, de pollution, de population et de production industrielle sont encore présente et nous réalisons encore aujourd’hui qu’il est trop tard pour éviter un décrochage. Les planifications actuelles sont focalisées sur la minimisation de l’emballement.

Le cas des forêts, une ressource renouvelable ?

Considéré comme renouvelables, les forêts ont toujours été exploitées pour leur faune, flore et notamment pour leur bois.
Les forêts n’ayant jamais été exploitées sont appelées « primaires » et regorgent d’essences de bois variées, rares, nécessaire aux niches de biodiversité.  Lorsque replantées et exploitées elles sont alors nommées « secondaires » et ne remplaceront pas la qualité des forêts primaires.
En ce sens, il est bon de concevoir le bois des forêts primaires comme des ressources non renouvelables.

Il est à noter que l’ensemble des forêts primaires des zones tempérées ont disparues avant la révolution industrielle alors que les forêts des zones tropicales sont actuellement en cours d’exploitation et de disparition. Ces dernières sont remplacées par des exploitations agricoles et des habitations.

Aujourd’hui la majorité des forêts primaires subsistantes se trouvent dans les zones arctiques (Amérique du nord et Russie) et tropicales (Amérique du sud).

Concernant les projections,  si le rythme des 2% de déforestation tropicale supplémentaire est maintenu, l’ensemble des forêts non protégées auront disparues à l’horizon de l’an 2054.  En maintenant le cap actuel, de 20 millions d’hectares perdus par année, les forêts non protégées auront disparues vers 2094.
En réduisant la déforestation à 1% par an, les forêts résiduelles réduiront de moitié toutes les 72 années.
Ces projections sont amenées à varier et la réalité se trouvera probablement entre ces différents scénarios, les décisions politiques, évolutions démographiques et aléas socio-économiques pèseront dans la balance.

Est abordée également la notion sensible et qualitative des forêts primaires. Difficilement quantifiables, le nombre d’espèces connues et inconnues, la biodiversité, sont autant de paramètres à prendre en compte dans les enjeux forestiers.

Enfin, il est pertinent de relever le fait que la démocratisation des outils numériques est corrélé à l’explosion de la consommation de papier par l’ensemble de l’humanité où de gros efforts sur le recyclage pourraient permettre de limiter leur impact sur les forêts.

Pour aller plus loin sur le modèle world3 et ses contradicteurs :

Modéliser l’avenir de l’humanité – Heu?reka

Il est possible d’expérimenter le modèle world3 et de faire varier soi-même les valeurs présentées en suivant le lien suivant :
https://insightmaker.com/insight/1954/The-World3-Model-Classic-World-Simulation

Face à Gaïa, Bruno Latour – NATURE/CULTURE

FACE À GAÏA – Bruno Latour

Conférence 5 > Comment convoquer les différents peuples (de la nature) ?

Dans cette conférence, Bruno Latour s’intéresse à l’origine religieuse de Gaïa. Dans un premier temps, il définit le terme de religion dans son sens originel. 

À son origine la religion représente une conviction, quelque chose auquel nous nous identifions et dont nous prenons soin. C’est une croyance personnelle ou une conviction, quelque chose auquel on croit.

Cette religion est chapeauté par une autorité suprême qui possède un nom et des attributs déterminés en fonction de chacun et en corrélation avec les croyances qui y sont rattachées.

Par exemple, dans l’antiquité, les déités été représenter par des attributs et des noms, comme Athéna : déesse de la guerre.

Quand Bruno Latour analyse l’histoire de la religion il détecte deux périodes qui nous permettent de comprendre différents aspects de la perception de Gaïa. 

À l’époque Romaine, Bruno Latour identifie un concept nommé “Tables des traductions”.

Ce concept permet aux différents peuples de se mettre d’accord concernant les attributs de chaque Dieux, cependant la dénomination de chaque dieu est propre à chaque territoire et à chaque culture plus largement. 

“Ce que toi romain tu appelles Jupiter, moi le Grec, je l’appelle Zeus”.

Le but de ces tables des traductions est principalement diplomatique et a été pensé pour éviter les guerres de religion et les conflits qui y sont rattachés.

Bruno Latour constate une coupure dans la chronologie avec l’arrivée du dieu unique. C’est la période mosaïque avec Moïse. Dans cette perception de la religion il n’existe qu’un seul dieu et ce dieu n’a qu’un seul nom. Ce changement fait obstacle au sens premier du terme de “religion” qui prônait la liberté d’identification. Le sens du mot religion n’est plus compris et Bruno Latour désigne cette nouvelle forme de religion comme étant une “contre-religion”. 

Pourquoi désigner cette nouvelle perception “contre-religion” ? Pour Bruno Latour c’est une négligence de la pensé des autres et du concept même de religion comme il été entendu jusque là, c’est-à -dire, compatissant et non négligent. Cette nouvelle attitude allant donc à l’encontre de la religion elle est désignée comme contre religion.

Entre la période mosaïque et aujourd’hui, la religion a subi une longue période dite de négociation qui nous a mené au pluralisme des cultures et des religions.

Si nous considérons la Nature comme une forme de Déité, elle possède donc aujourd’hui une forme de religion propre. La nature est divisée en deux pensées distinctes. Ces deux pensées peuvent  faire référence à des aspects présents dans le passé notamment aux deux  périodes de l’histoire de la religion que nous venons d’expliciter.

Premièrement, les deux pensées convoque la même entité qui est la Nature mais ne lui donne pas les mêmes attributs. 

Deuxièmement, il y a une division de pensées entre ceux qui considèrent la Nature et ceux qui considèrent Gaïa. Cette division est affiliée d’une part à la religion et d’autre part à la religion. 

Pensée religion : La nature est « extérieur, unifié, inanimé et ses décrets sont indiscutables; sont peuple est universel, et l’époque ou elle se situe est de tout temps” que Bruno Latour nomme Celui-dont-nous-sommes-tous-né

Pensée scientifique : La nature est “ intérieure, multiple, animée et controversée; son peuple est réduit à quelques-uns, ils vivent à une époque où tous les autres sont séparés par une révolution radicale.” que Bruno Latour nomme Ce-dont-nous-sommes-tous-né.

C’est l’opposition Nature/culture qui est discutée ici. La cosmologie de la Nature est alimentée par deux foyers et deux croyances qui invoquent pourtant la même entité universelle.

Conférence 6 > Comment (ne pas) en finir avec la fin des temps ?

Dans cette partie, Bruno Latour s’intéresse à la notion du temps et au concept de la fin des temps par rapport à l’Anthropocène.

Il part du principe que 1610 est le point de départ de la période de Anthropocène car à cette date nous trouvons autant de pensées écologiques que anthropologiques. Il identifie deux événements à cette date :

Premièrement, en 1610 on assiste à la reforestation de l’Amérique et l’Homme découvre par la même occasion que la terre a des limites.

Deuxièmement, on trouve aussi en 1610 la pensée du monde clos vers le monde infini, la montée de l’Homme vers l’univers qui est introduit par Galilée.

Bruno Latour analyse ces deux événements ensemble et conclut en disant que l’humanité a pris à cette date conscience de la rétroaction de la terre. 1610 représente une coupure dans le temps avec, selon l’auteur, un avant 1610 et un après 1610.

La pensée d’avant 1610 : Chacun est libre de penser et de croire en fonction de ses propres convictions et les grandes entités comme la politique, la religion et la science fonctionnent ensemble.

La pensée d’après 1610 : Les grandes entités sont divisées et les croyances sont désormais orientées. Il n’est plus possible d’être libre de sa pensée mais il est maintenant question de faire un choix et de se rattacher à une entité précise et surtout d’être certain de ce que l’on croit. Cette décision est adaptée comme une solution contre les guerres de religion. 

Ce changement mène à une paralysie des pensées concernant les problématiques climatiques. Elles feront resurface en 1990 avec le nouveau régime climatique.

Bruno Latour parle de cette période de paralysie comme la période de désinhibition de l’humanité, c’est-à-dire le fait de ne pas réagir aux multiples alertes écologiques en toute connaissance de cause.

Ce type de comportement, Bruno Latour le traduit par un besoin de virilité qui consiste à aller de l’avant sans prendre en compte les faits passés, au nom de la modernisation et en dépit des générations futures. Autrement dit, rendre la situation irréversible permettrait de ne plus avoir à s’en préoccuper.

Concernant la question de l’apocalypse, il est identifié dans le livre trois temps représenté par l’avant, le présent et le après. 

Les modernes considèrent le temps de l’apocalypse comme révolu, au même titre que l’époque religieuse. L’époque religieuse représente le monde passé et les moderne considère être passé dans le nouveau monde au quel cas l’apocalypse se serait déjà produit.

Les religieux eux, en rapport à leur croyance pensent que l’apocalypse se situe dans le futur et en rapport avec la fin des temps. 

Cependant Bruno Latour indique que l’apocalypse se situe dans le temps présent et que nous sommes à l’heure actuelle en train de vivre celle-ci. Nous devons faire face aux enjeux écologiques et aux différentes menaces actuelles. En d’autres mots il faut faire face à Gaïa.

Conférence 7 > Les états (de nature) entre guerre et paix.

Latour identifie l’état de nature comme la cour suprême à laquelle nous sommes tous reliés. Il existe une diversité de points de vue cependant tous ont la même finalité à savoir la nature. Dans la structure de l’état de nature, Latour identifie un régime de paix envisageable. 

Différemment de l’état de nature, l’anthropocène, lui, possède différents point de vue qui convoque différentes finalité et donc provoque une situation de guerre. L’anthropocène est une figure incertaine qui n’as pas que cour suprême à laquelle se rattache et ne possède donc pas d’arbitre. C’est ce détails qui mène à la situation de guerre.

Ces deux visions différentes opposent deux courants de pensée. 

D’un côté, ceux que l’auteur appelle humains ou terrestre, vivent dans la période de l’holocène, il ont une vision à l’échelle humaine et pour eux la nature correspond à l’environnement non occupé par les humains. 

En opposition il y a les Gaïens ou terrestre, qui eux vivent dans la période de l’anthropocène, on une vision à l’échelle terrestre et qui pense que la nature englobe également l’Homme.

Conférence 8 > Comment gouverner des territoires (naturels) en lutte ?

Latour fait une analyse des territoires et propose une nouvelle perception en y ajoutant de nouvelles délégations comme le sol, les océans ou encore l’atmosphère. Ces nouvelles délégations seraient représentées par la science au même titre qu’un État est représenté par un président.

Cette partie vient questionner Gaïa en termes de gouvernance.

L’ancienne vision des territoires en deux dimensions est délimitée par des frontières et possède des gouvernances distinctes, contrairement à la vision Gaïenne qui elle propose une vision en trois dimensions du monde avec des zones qui se superposent et dont la gouvernance est partagée. 

Bruno Latour conclut son ouvrage en tentant de donner une définition au terme Gaïa en disant qu’ “Il s’agit toujours de l’espace, de la terre, de découverte, mais c’est la découverte d’une terre nouvelle considérée dans son intensité et non plus dans son extension. Nous n’assistons pas stupéfaits à la découverte d’un nouveau monde à notre disposition, mais à l’obligation de réapprendre entièrement la façon dont nous allons devoir habiter l’ancien !”

 

 

Géologie de l’humanité : l’anthropocène

Article de Paul J. Crutzen dans Écologie & politique2007/1 (N°34), pages 141 à 148

Lien de l’article d’origine : https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2007-1-page-141.htm

Le terme Anthropocène désigne l’époque géologique actuelle, succédant à l’Holocène et qui se caractérise par l’essor de l’Humanité comme force géologique. On situe le début de celle-ci à la fin du XVIII ème siècle, période de révolutions industrielles et de réalisation des émissions anthropogéniques de dioxyde de carbone dues à l’activité humaine.

Paul J. Crustzen cite dans son article le géologue italien Antonio Stoppani et Wladimir Verdandsky pour explicité l’origine du mot Anthropocène et sa signification. Ainsi Stoppani met en avant en 1873 une « nouvelle force tellurique qui par sa puissance et son universalité peut être comparée aux grandes forces de la Terre » se référent à l’ère anthropozoïque, que Verdansky reconnaitra en 1926 en ces termes : « La direction que doivent suivre les processus de l’évolution, c’est-à-dire vers l’accroissement de la conscience et de la pensée, et des formes ayant des conséquences de plus en plus grandes sur leur environnement. ». Dans cette citation Vernadsky met en avant l’influence de l’intellect humain sur son environnement et son avenir qu’il nome « noosphère ».

L’auteur traite dans son article des diverses causes de transformation de l’environnement par l’homme, à savoir la démographie, le besoin en énergies, l’agroalimentaire et l’extraction des ressources naturelles (eau, bois, sable, etc) l’aménagement d’espaces ainsi que leur conséquence pour le climat en apportant les chiffres clé de ces dérèglements. Il nous apprend qui plus est que ces transformations ne sont le fait que de 25 % de la population mondiale.

Paul J. Crustzen écrit aussi que les dernières estimations du GIEC, la Terre se réchauffera de 1,4 à 5,8 °C durant notre siècle. Malgré tout, si l’auteur nous met face à la conséquence de nos modes de consommation, cet article nous permet aussi de prendre conscience que les choses auraient pu être pire et que certaines actions indépendantes peuvent aussi changer le court des choses.

Et puisque l’humanité restera longtemps une force géologique à moins de catastrophe, il est important de prendre en compte l’impact du design sur la planète.