Tout peut changer : capitalisme & changement climatique. Naomi Klein

Naomi Klein, journaliste, essayiste, réalisatrice et altermondialiste canado-américaine, écrit son essai “Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique.” en 2014. 

Elle commence par introduire ses propos avec un extrait de rapport de l’association américaine pour l’avancement des sciences de 2014. L’extrait de ce rapport nous explique que le moindre bouleversement écologique entraînera des conséquences dévastatrices. Nous sommes déjà conscients que tout est trop tard et que notre monde est en train de changer sans que l’on puisse avoir le moindre contrôle. 

Elle explique ensuite sa propre prise de conscience face au changement climatique. Elle en était pour le moins consciente mais n’en avait qu’une vague idée et se contenter de survoler les rapports et particulièrement les plus terrifiants. Pour Noami Klein, nombreux d’être humain sont ainsi, ils détournent le regard vite sur la cause et voient en l’humain un sauveur alors qu’il est lui-même la cause de la crise climatique. On oscille entre conscience et déni, et elle définit ce phénomène “d’amnésie écologique”. Nous sommes “trop occupés » pour prendre les choses en mains, et conscient de l’ampleur de l’effort à fournir pour le changement climatique nous préférons nier plutôt que renoncer à notre confort.

Elle rencontre Angelica Navarro Llanos qui est ambassadrice de la Bolivie à l’OMC. Angelica Navarro Llanos considère le changement climatiquecomme une terrible menace pour son peuple, mais aussi comme une opportunité.” (avant-propos, page 17). Son pays ayant peu participé à l’emballement des émissions il serait alors en position de se déclarercréanciers climatiques”, les grands pays producteurs d’émissions auraient à les « dédommager » et son pays pourrait donc plus se développer en empruntant la voient des énergies vertes. Cependant, la prise de conscience et l’acceptation de la responsabilité des grands pays producteurs d’émissions sont toujours repoussées car ceux-ci perdent du temps sur des querelles pour repousser l’échéance et gagner des délais supplémentaires pour ne pas avoir à réduire leurs émissions de GES. Par exemple durant la conférence de Copenhague les gouvernements n’arrivant pas à se mettre d’accord ils étaient libres d’ignorer leurs engagements.

“Le dérèglement climatique est devenu une crise existentielle pour l’humanité.” (p.33)

Tout au long de son essai Noami Klein utilise souvent le lexique de la guerre. En effet le dérèglement climatique est une bataille, une guerre qui nous concerne tous et face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux. Elle propose d’imaginer un plan Marshall pour sauver la planète. Il faudrait reprendre le principe d’effort de guerre pour que la planète puisse survivre. Cependant les mesures à mettre en œuvre sont incompatibles avec le capitalisme et elle représenterait une menace pour la minorité qui a la haute main sur l’économie. Notre système économique et notre planète sont en guerre sauf qu’il n’est possible que de changer notre système économique. Nous sommes actuellement dans la « décennie zéro”, soit on change les manières de penser et de faire maintenant soit on perd. Le problème est principalement politique, il faut passer des milieux des affaires au milieu de la vie. Naomi Klein propose une autre stratégie, qui est celle de rompre avec le fondamentalisme marchand qui est devenu l’ennemi de la planète. 

Elle met en parallèle deux visions dans la crise climatique : les opportunités qui s’en dégagent : comme celle de raviver l’économie locale, de réduire les géants des secteurs privés et de réinvestir dans les infrastructures publiques (comme les transports, l’eau..). Cette crise pourrait aussi devenir un catalyseur d’un ensemble de transformations sociales, économiques et politiques. Mais pour certains et la Naomi Klein parle des partisans de Heartland institut la crise climatique est inconcevable au point qu’ils refusent d’y croire. Il la considère comme étant un complot qui sert de prétexte national-socialiste pour abolir le capitalisme et le remplacer par un “communautarisme vert”. En effet, ces opportunités se font aux dépens du capitalisme et donc de tous ceux qui tirent des profits de ce système. Le changement climatique est une bataille climatique mais aussi idéologique, et pour certains la crise climatique n’est qu’un nouveau moyen pour les États de s’imposer. 

On voit au fur et à mesure du premier chapitre que de moins en moins de personnes croit au changement climatique. Et l’auteur nous explique que les convictions politiques ont un impact sur la façon de voir et de percevoir le problème de la crise climatique. Et c’est la “vision culturelle du monde” qui permet d’expliquer ses croyances ou non. Il est plus facile de nier la réalité que de voir sa vision du monde voler en éclat. On en vient alors à se questionner. L’être humain est-il enclin à nier une vérité trop coûteuse ? Peut-il renoncer à ses intérêts financiers au profit de la crise ? Et est-ce aux pays riches d’assumer et d’aider les pauvres (financièrement comme humainement)?

Dans la logique des choses ce serait aux pays qui produisent le plus de GES a porté de fardeaux. Que ce soit du “plan marshall pour la planète”, avec des efforts plus conséquents à fournir mais aussi à venir en aide aux populations, souvent les moins polluantes, qui ne vont avoir d’autres choix que de migrer vers d’autres pays. 

“Au lieu de reconnaître la dette des pays riches envers les migrants obligés d’abandonner leurs terre a cause de nos actions (et de notre inaction), nos gouvernement construiront toujours plus de forteresse et adopteront des lois de plus en plus draconiennes pour lutter contre l’immigration.” (page 87)

Le changement climatique est une guerre idéologique, économique et sociale avec les nouveaux migrants à venir et la volonté ou non des pays riches de les accueillir. De nombreux environnementalistes considèrent le changement climatique comme un remarquable facteur d’égalisation qui n’épargne personne, riche comme pauvre. Cependant plus on tarde et plus les changements seront radicaux. Naomi Klein parle depolitique de l’autrucheque nous pratiquons depuis plus de 20 ans. Pour elle le climat n’a pas de rapport entre gauches ou droites mais avec le faite « d’avoir raison ou d’avoir tort« .

“La véritable cause de l’inertie actuelle face au changement climatique tient au fait que les mesures nécessaires menacent directement la paradigme économique dominant et le mythe fondateur de la culture occidentale.” (p110)

« Tout peut changer : capitalisme et changement climatique. » Naomi Klein, p.   , Traduction française de « This Changes Everything ; Capitalism vs the climate » publié en 2014 par Simon & Schuster et traduit en 2015 chez Actes Sud.

(Partie « décalogue »  partie « économie » )

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